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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 08:39

Décrié parce qu’il en est encore à ses débuts, le mouvement des vins naturels continue de progresser dans les esprits en bousculant quelque peu les idées œnologiques reçues. La première est que les premiers vins naturels, qui ont 12 à 14 ans d’âge, vieillissent très bien… Beaucoup voient dans ces idées reçues certaines similitudes avec les vins bio à leurs débuts, considérés comme une mode et dont l’agronomie laissait quelque peu perplexe de nombreux observateurs. Aujourd’hui, plus personne ne conteste l’existence de la filière des vins bio. Mais si l’agronomie s’est ouverte, l’œnologie reste en revanche attachée à certaines conceptions de la vinification. Par exemple : élaborer un vin sans sulfite est impossible.


Ils seront pourtant une vingtaine de vignerons alsaciens à proposer de tels vins naturels, les 3 et 4 mai prochains au caveau Sainte-Barbe de Sélestat, dont les quatre vignerons de vins naturels historiques, Bruno Schueller, Jean-Pierre Frick, Christian Binner et Patrick Meyer, et la nouvelle génération, Jean-Pierre Rietsch, Catherine Riss, Stéphane Bannwarth et de nombreux autres acquis à la cause des vins sans soufre et sans autre produit œnologique ajoutés. L’idée de ce type de vin progresse, estime Patrick Meyer : deux revendeurs de ce type de vins sur Strasbourg il y a cinq ans, huit aujourd’hui et des inconditionnels comme Christophe Andt du Pont du Corbeau ou Jean Walch, caviste de Au fil du vin libre…


Comparé à des vignobles comme Chablis, ou la Champagne, l’Alsace fait figure une fois de plus de terre de prédilection pour les vins naturels étant donné l’importance du nombre de vignerons qui s’essayent aux cuvées sans soufre, pigeage intégral même sur blancs, des cuvées juste soutirées, non filtrées et tirées au clair directement du fût, «à la chèvre». Le tirage à la chèvre, c’est-à-dire avec une tireuse à deux becs, d'où le nom, est directement branchée sur le fût. Cette pratique bourguignonne historique fait son grand retour dans cet univers des vignerons de vins naturels.

photo[1]

Il y a une raison selon Jean-Pierre Frick qui le pousse à élaborer de tels vins :«Je ne crains pas de revendiquer que je bois une demi-bouteille par repas. Ce n’est pas une honte». Mais pour cela, il faut que le vin soit «digeste», d’où la recherche d’une certaine minéralité. Et pour l’obtenir, il y a une donnée que l’œnologie ne pourra pas jamais résoudre : «Le temps fait des merveilles», souligne Bruno Schueller, dégustant son pinot noir Eichberg 2000, plus jeune que jamais. «Le vin, il faut lui donner le temps. Il faut prendre le temps des fermentations, le temps de l’élevage …»


Les quatre vignerons font état de relations apaisées avec les institutions de l’appellation. Sans doute leur capacité à capter et à séduire de nouveaux jeunes amateurs en recherche de ce type de vin y est-elle pour quelque-chose. «Certes il faut des garde-fous», reconnaît Jean-Pierre Frick en parlant du cahier des charges des vins d’Alsace. «Mais tout le monde n’est pas fou…», ajoute t-il, appréciant la tolérance dont fait preuve l’organisme de gestion, «ça ne se passe pas comme ça dans toutes les appellations…», conclut Patrick Meyer.

 

David Lefevre

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commentaires

C
Merci pour ce blog spécialisé dans l'oenologie. Je me permet de vous présenter le Centre de formation Lecoam où vous pouvez faire des cours d'oenologie à Paris.
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