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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 18:56

C'est par Jean-Pierre Rietsch que j'ai découvert il y a quelques années ces nouveaux vins que l'on nomme « libres » ou « nature ». Pour un néophyte comme moi, simple amateur de vin au sens où j'aime boire du vin - et tant qu'à faire, du bon vin - cette première expérience fut celle de l'étonnement. Je n'avais jamais goûté de vin de ce type, je découvrais de nouvelles sensations de nouveaux arômes, de nouveaux goûts.

 

Cette découverte était bien sûr passionnante. Avec une certaine expérience, on a l'impression d'avoir fait le tour des sensations que peut vous donner un vin, une région viticole ou un type de cépage. Tout à coup, je découvrais qu'il pouvait y avoir autre chose, que la palette aromatique, gustative ne se limitait pas à ce que je connaissais depuis des années. Ce fut un choc, une merveilleuse surprise, un enthousiasme immédiat, comme celui que l'on peut éprouver en découvrant un nouveau pays, avec ses paysages, ses odeurs, sa langue.

 

Jean-Pierre alors patiemment m'expliqua la démarche qui l'avait conduit à ce renouvellement. Il me lista les intrants qu'on pouvait ajouter au vin lors de son élaboration. J'en frémis rétrospectivement. Tout cela dans un vin ! Il essayait aussi de limiter voire de ne pas employer de soufre, ce fameux soufre qui depuis des générations conférait aux vins d'Alsace la réputation de donner mal au crâne ! Au nez je découvrais des arômes inattendus, en bouche j'expérimentais des sensations de breuvage détendu, et dans ma tête j'éprouvais un sentiment de joie à l'idée que je buvais un vin sain et naturel.

 Salon des vins libres photo

Naturels et libres, ces vins me semblent être les enfants du courant de pensée qui est né avec ma génération, la génération d'après-guerre, pour qui la nature et la liberté étaient les maîtres mots. Qu'on se souvienne un peu de cette période de la fin des années 60, où l'on sentait déjà si fort que la société dans laquelle nous vivions s'apprêtait à devenir une société entièrement vouée à la consommation et où certains d'entre nous essayaient de résister à cela. On y rêvait de retour à la campagne, de retrouver les pratiques d'une vie simple et saine. Bon pour la nature, bon pour nous ! On voulait se libérer des carcans d'une société par trop conservatrice, on voulait expérimenter de nouvelles voies. L'imagination au pouvoir ! On partait à la découverte de nouveaux continents, spirituels ou géographiques.

 

En buvant un de ces vins « nature » ou « libres », j'ai aujourd'hui la sensation que les belles idées de ma jeunesse se sont malgré tout un peu incarnées, et que le verbe s'est fait chair... liquide.

Un verre de vin, et voilà que coule dans mes veines le sang de mes belles utopies.

Merci, amis vignerons, de nous montrer qu'un autre monde est possible, et de nous aider à ne pas désespérer du celui dans lequel nous vivons !

Merci, amis vignerons, de renouveler nos sensations par vos belles expérimentations !

Je lève mon verre à votre santé !

 

 

 

Philippe Lutz

philippe.lutz@yahoo.fr

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