Pasteur disait «le vin est la plus saine des boissons», à son époque peut-être car force est de constater qu'aujourd'hui on en est loin pour 95% des vins Français.
Alors ces vins libres, vins naturels ou vins natures, phénomène de mode, phénomène bobo des villes comme l'affirment les pisses-vinaigres ou réel et vrai retour vers des saveurs oubliées.
Je pense et je constate un vrai enthousiasme auprès des jeunes que l'on dit parfois consommateurs de mauvaise bouffe. Sans être des dégustateurs aguerris, les saveurs, les goûts de ces vins leur paraissent plus vrais plus près du fruit moins artificiels que tous ces vins qui expriment parait-il des typicités de terroir et de cépages alors que la grande majorité de leurs arômes proviennent de levures sélectionnées et de pas mal d'autres adjuvants.
Parlons en de ces typicités de cépages : «pipi de chat» pour le sauvignon,agrumes pour le riesling et qui développent des soit-disant minéralités après très peu de vieillissement. Ce nivellement vers le bas de raisins non-aboutis dans leur maturité, pauvres en levures naturelles, pauvres en éléments vivants et salins en fait des vins fatigués avant l'heure et pourtant sulfités à outrance.
C'est le nivellement par le bas, mais cela arrange le grand monde de la viticulture de plus en plus industrielle,ceux que l'on appelle les gros metteurs en marché.
Si le dégustateur,le consommateur, l'amateur de vin se donne la peine de recevoir, de percevoir l'énergie,la vitalité,la salinité, le vivant contenu dans ces vins naturels il sera lui aussi libéré de cette idée pré-conçue qu'un vin devrait être une émotion vibrante et non un produit consensuel, marchand et correspondre à des critères édictés, par qui déjà ?
Des écoles hôtelières financées,sponsorisées par des industriels du vin qui fabriquent des boissons standardisées ou des industriels de l'agroalimentaire inondant les cuisines des ces mêmes écoles et des cantines où mangent nos enfants des produits déshydratés tels que les fonds de sauce débordant d'exhausteurs de goût et j'en passe.
Mais je crois qu'au delà du goût il y a aussi une envie de savoir ce que l'on consomme ce que l'on avale, de reprendre le pouvoir de consommer des produits meilleurs pour la planète et meilleurs pour nos organismes tellement empoisonnés de substances et de molécules diverses.
Ras le bol de cautionner à travers ce qu'on mange une politique qui ne fait qu'enrichir une industrie agro-alimentaire où le souci de rentabilité règne en maître, ras le bol de cautionner une agriculture et plus encore une viticulture première consommatrice de produits phytosanitaire de la planète. Cette rentabilité et cette hygiène outrancière qui poussent à détruire dans les moûts le peu de levures naturelles encore présentes, ces êtres invisibles qui sont un des fondements de la notion de terroir. Il faut nettoyer le milieu, dehors ces petites bêtes, ces bactéries qui ne sont pas celles qui correspondent à la norme de typicité notamment de cépages !
Ce formatage qui nous amène à trouver trop de pommes sans goût mais calibrées, de la viande saturée d'antibiotiques mais engraissée rapidement, de vins saturés en molécules chimiques et ennuyeux en saveur avant d'être indigestes au nom de la tradition viticole Française.
Les vins libres sont sans doute parfois hors cadres dans ce qu'on appelle la conformité oenologique !
Et alors est-ce si grave que cela ?
Ces vins sont changeant selon la saison, la météo, la lune, le millésime, tous ces paramètres que le monde du vin «moderne» souhaite aplanir. Et pourtant n'est ce pas là aussi le charme de ces vins ?
Sommes nous toujours au top , il est clair que les vins «chimiques» et sur-sulfités ne sont pas des vins accompagnés, élevés, aimés et équilibrés.
A l'heure ou la pensée unique est très présente dans le monde de la politique, de l'enseignement de l'entreprise où le débat qui concerne notre type de société pour les générations futures est mis entre parenthèse à cause de la crise, c'est au consommateur d'influer sur le devenir de la société que nous souhaitons. Les vignerons qui produisent des vins libres ne représentent pas une bande d'allumés, de nostalgiques ou de soixante- huitards attardés. Ils sont des avant-gardistes de ce que devrait redevenir un paysan responsable, respectueux de la terre nourricière et des générations futures. Remercions- les d'agrandir tous les jours le club des francs-buveurs, n'en déplaise à tous ceux qui pensent ou qui aimeraient faire du vin une sorte de hamburger en bouteille !
Jean WALCH
Au Fil du Vin Libre
26 Quai des Bateliers
67000 STRASBOURG